[RP] Au beau milieu des livres du Baron

Invité

Rochelle traversa les longs couloirs de Ruppes en habitué des lieux, ses chausses claquant sur le dallage au rythme de son avancée.
La jeune femme était épuisé par son long voyage jusqu'au domaine de son mentor et ami, mais cela elle ne l'aurait jamais avoué ni admis, même pas à elle même. Elle refusait de se comporter en femme enceinte tout comme elle refusait sa grossesse bien qu'elle soit quasiment à terme. D'ici quelques jours elle entrerait dans son huitième mois de grossesse, elle devrait bientôt s'inquiéter de trouver une sage femme, elle esperait que son amie Mellissa en connaitrait.
Au bout de dix interminables minutes à marcher, la porte de la bibliothèque apparut enfin. Elle n'était qu'à quelques mètres de Rochelle. La jeune spinalienne voulut accélérer le pas, et c'est alors qu'elle reçut une décharge qui lui cloua net la respiration et la coupa dans son élan.
Elle se pencha vers l'avant et entoura son ventre de ses bras. Elle ne savait si c'était un coup de pied de son enfant où non, mais cela faisait horriblement mal.
Elle dut s'adosser au mur quelques instants le temps de reprendre sa respiration, le temps que cesse la douleur.
Rochelle grimaça. Se mordant la lèvre inférieure sous l'effet d'une nouvelle douleur elle trouva néanmoins la force et l'énergie suffisante pour regarder à gauche et à droite, afin de s'assurer qu'elle était bien seule. Fière comme elle était, elle n'aurait pas supporter d'être surprise dans pareil état de faiblesse.
La douleur commença à s'estomper, et Rochelle pour être sure de ne pas être surprise voulut gagner la bibliothèque à la hâte. mal lui en prit, la douleur se réveilla décuplé, Rochelle ne put que retenir un cri de douleur et se courber en deux.
C'est malheureusement pour elle, l'instant que choisirent Siegfried le jeune fils du baron et son précepteur pour sortir de la bibliothèque. Apparement le jeune héritier avait terminé sa leçon du jour.
Rochelle eut la présence d'esprit de faire semblant de ramasser quelque chose, et malgré la terrible douleur qui lui brulait les reins, elle se redressa et se força à sourire. Elle devait donner le change quoi qu'il lui en coute.
Elle salua le jeune Siegfried puis le complimenta sur sa grande taille, et elle salua le précepteur.
Heureusement pour elle, ils ne s'atardèrent pas après les civilités d'usage, le maitre s'excusant de devoir emmener son élève dans le parc pour lui montrer certaines espèces de plantes.
Rochelle attendit qu'ils aient obliqués à une intersection de couloirs, et de nouveau se mordant la lèvre inférieure, se traina plus qu'elle ne marcha jusqu'à la bibliothèque.

Enfin à l'intérieur!

Elle appela pour s'assurer qu'elle était bien seule, puis elle se laissa choir sur une chaise.
Elle retira son mantel, et dénoua ses cheveux, qui retombèrent sur ses épaules.
Elle ne voulait pas se sentir entravée.
Elle alla jusqu'à enlever son corset pour se rhabiller sans. Son ventre qui était alors quelque peu compriner sembla grossir davantage.
La douleur s'atténua un peu, mais restait présante, lancinante, prête à l'emporter à tout moment. Rochelle se concentra sur sa respiration, tout en bénissant Mellissa qui l'avait empeché de lancer sa monture au galop.
A l'avenir, elle compris qu'elle ne devrait plus monter à cheval tant qu'elle n'aurait pas donner naissnace à son enfant.
Cette pensée du parvenir à l'intéressé qui donna de petits coups à sa mère. Rochelle posa la main sur son ventre et sourit, heureuse de constater que ce n'était pas son enfant qui avait créer l'horrible douleur en lui donnant des coups. Elle avait eu peur pendant un bref instant que l'enfant ne la punisse du peu de sentiments qu'elle parvenait à diriger vers lui.
Une grande bouffée de reconnaissance l'envahit pour ce petit être qu'elle portait, et pour la première fois elle se sentit mère, bien qu'elle ne sut pas trop ce que cela signifiait.

La jeune spinalienne s'affala sur le fauteuil, et ferma les yeux. La douleur avait presque complètement disparu à présent. Elle laissa libre court à ses pensées, s'avouant ses peurs et ses interrogations.
Comme elle aurait aimé que sa mère soit encore de ce monde. Hélas la belle Eyla l'avait quitté alors qu'elle allait avoir 14ans. Elle n'avait jamais véritablement été une mère pour Rochelle, la jeune fille s'était élevée seule, survivant du mieux qu'elle pouvait, et aujourd'hui elle se sentait incapable d'être mère à son tour. Cela lui faisait bien trop de peine.
Pourtant à la voir en cet instant nul n'aurait pu imaginer sa détresse et sa fragilité. Rochelle masquait constamment ses émotions, parfois même à elle même. C'était ainsi qu'elle s'était construite, se persuadant que l'amour n'était qu'une faiblesse destructrice.

Elle se caressait doucement le ventre, à moitié songeante à moitié somnolante.
Elle eut une pensée pour son père, se demandant si elle pourrait lui avouer un jour qu'il était grand père. Elle eut une pensée pour son enfant qui n'aurait pas de père et une mère comme elle. Elle se demanda si elle n'aurait pas mieux fais de se débarasser de la grossesse quand elle le pouvait encore, et c'est seulement à cette pensée qu'elle comprit la raison de sa colère, ce qu'elle cherchait à cacher aux autres et à elle même: non elle ne regrettait pas d'avoir garder cet enfant, elle ne le regrettait pas parce qu'elle l'aimait, elle aimait de tout son être mais ça elle ne pouvait l'admettre sinon c'était la fin de tout. Elle veillerait à ce que son enfant soit heureux, mais elle savait qu'elle aurait du mal à assumer son amour pour lui, elle ne le pouvait pas, elle n'avait jamais su.

Une larme roula sur sa joue. Elle la laisse mourir dans son cou, mais retint les autres qui menaçaient de suivre son exemple. Elle refusait de se laisser aller. Elle ne l'avait jamais fais. Elle n'avait même pas pu pleurer à la mort de sa mère. Elle s'était juste enfuit de chez celui qui avait été responsable de tout en emportant le médaillon qui lui avait permis de retrouver son père.

Noyée dans cette vague d'émotions et de souvenirs, elle sombra progressivement dans le sommeil, sans même avoir ouvert un seul livre.

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